Zones de proximité

Mon tout premier roman publié chez XYZ. Il s’agit d’un huis clos. Imaginez 150 pages de texte sur 184 réservées à ces cinq journées passées ensemble, sans sortir et sans pouvoir communiquer avec personne d’autre, alors que l’homme a de la difficulté à parler. Voici les principaux défis que je devais relever.

  1. Le langage non verbal

Voilà longtemps, j’ai suivi une formation en synergologie avec Philippe Turchet, une autorité en communication non verbale, consistant à décrypter le fonctionnement de l’esprit humain à travers le langage corporel. Cette formation m’a servie tout au long du roman. Quelques exemples :

P. 36 : Il pencha la tête sur la poitrine comme s’il venait d’être pris en faute.

P. 88 : Il se gratta lentement la base du cou avec le pouce, […] Gabriel battait des paupières.

P. 106 : Pour toute réponse, il haussa les épaules et les sourcils en même temps.

P. 145 : Hélène et Gabriel croisèrent les jambes à l’opposé l’un de l’autre.

P. 162 : Puis il la regarda avec des yeux pleins de reconnaissance en penchant la tête du côté du coeur.

2. La cuisine

Une fois les personnages installés dans le condo, il fallait occuper leur temps. De là, l’idée de cuisiner car se limiter à essayer de se comprendre était risqué. Ce sont des recettes que j’utilise (Chèvre chaud sur roquette, Escalopes de veau à la crème, Poitrines de canard aux  pleurotes, Mignons de bœuf sauce champignons). J’aime vraiment cuisiner et j’adore bien manger.

Pour les vins, Internet est venu à ma rescousse car je n’ai pas les moyens de boire d’aussi grands crus (Pavillon Rouge du Château Margaux, Le Tournant de Pouilly 2007, Clos du Mont Olivet, Alter Ego 2006, Bordeaux). Pour Alter Ego, ce choix a été fait parce que je trouve que les deux personnages sont égaux sous plusieurs facettes. Quant à la Veuve Clicquot, je réserve le champagne pour les grandes occasions.

3. Les jeux

J’ai opté pour la danse en ligne parmi les activités choisies, malgré les nombreux préjugés qu’elle nourrit, car ce sont les personnes âgées qui la pratiquent la plupart du temps et qu’il est grandement question du vieillissement dans le roman. Les adeptes reconnaîtront les pas de Spanish Trumpet, Heart of an Angel, Welcome to Burlesque, What’s Up, Angelo et Amore Mio. J’ai voulu montrer que peu importe ce que l’on fait, on doit y trouver du plaisir. Je suis une adepte de la danse en ligne, ce qui exige de l’habileté et énormément de concentration.

Gabriel préfère les jeux de guerre électroniques. C’est voulu, surtout qu’on se demande qui d’Hélène ou de Gabriel tirera le premier.

4. L’intrigue

Au fil des jours, le couple se confie. Il fallait entretenir le doute en dévoilant progressivement la vie des personnages. En fin de compte, Hélène et Gabriel sont vraiment des alter ego. Ils se ressemblent, sont aussi forts l’un que l’autre. Lequel des deux s’imposera à la fin?

5. Les personnages

Le principal personnage est Hélène, romantique, impulsive et naïve à ses heures. Elle déborde d’imagination. Gabriel, retraité depuis peu, est le prototype du bon vivant. C’est un perfectionniste raffiné. Ils occupent presque toute l’histoire.

Danielle, la soeur d’Hélène, fera de petites incursions tout au long du roman. Elle est très malade. Hélène y pense souvent car elle a peur de la perdre. On la retrouvera à la fin en compagnie de sa fille Geneviève.

Deux autres personnages se présentent pour conclure ce roman : Fanny, l’ancienne flamme de Gabriel, et Claude, l’ami qu’il ne voit plus depuis six mois pour une raison liée à Fanny. Reste Philippe, le fils d’Hélène, intuitif et soucieux de sa mère.

Sept personnages confrontés à la peur de perdre quelqu’un.

Dans Zones de Proximité, les thèmes abordés avec sensibilité sont la séduction, l’amour, l’âge, le deuil, et les compromis possibles pour s’enrichir au contact de l’autre.

La réception a été très positive, comme en fait foi un article paru dans Le Devoir !Lumière sur trois premiers romans de cet hiver littéraire | Le Devoir

Texte de Fabien Deglise, 11 février 2017. Huis clos épicurien

Ce ne sont pas les faits, mais plutôt tout un destin qu’Hélène, baby-boomer et célibataire, va tenter de conduire sur une voie alternative dans Zones de proximité (XYZ éditeur), premier roman de Nicole Vachon, «baby-boomer ayant grandi à Sainte-Foy à une époque où l’instruction supérieure était réservée aux garçons» — c’est comme ça qu’elle se présente —, et qui réalise ici son rêve d’écriture, rêve cultivé durant toute sa vie.

La douceur se répand dans ses mots qui tracent les contours de ce huis clos épicurien dans un condo de luxe d’Ottawa où Hélène a accepté de passer cinq jours, sans possibilité de contact avec l’extérieur, en compagnie d’un homme qu’elle connaît peu. Il s’appelle Gabriel. Il est malade. Il peine à communiquer par la parole et veut mettre fin à ses jours. Elle va essayer de l’en dissuader. C’est le contrat qui les unit.

Le caractère un peu convenu de la finale tranche avec le reste de ce récit qui rapproche avec élégance et raffinement deux solitudes pour mieux en ausculter les racines, les angoisses qu’elles ont fait naître, mais surtout pour mettre en lumière ces vies que l’absence de l’autre finit un peu par éteindre.

 

 

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